Brooklyn me voila bientôt !

Une affiche dans le métro me fait rêver en ce moment : celle de Brooklyn, une comédie dramatique. Il s'agit du portrait d'une jeune irlandaise Eilis qui émigre aux Etats-Unis dans les années 1950. Car c'est là que la situation économique permet la prospérité : dans une ville en pleine modernisation et non en Irlande, un pays figé dans une esthétique de l'après-guerre.

C'est l'architecture de New-York qui me plait avec ses escaliers extérieurs, les lignes du pont de Brooklyn que l'on voit furtivement sur l'affiche. C'est très moderne et cela tranche avec les lignes classiques de l'architecture européenne traditionnelle, des immeubles haussmanniens parisiens...

Comme toutes les histoires réalistes que j'aime, cette comédie est l'adaptation cinéma d'un roman éponyme Brooklyn de Colm Toibin, un romancier irlandais traduit dans le monde entier.

Nick Hornby, lui même romancier souvent adapté au cinéma (A propos d'un gamin par exemple) a scénarisé cette histoire en abordant avec une grande subtilité la question de l' exil à travers le point de vue d'une jeune fille timide et modeste mais opiniâtre.

Elle vient d'un petit village irlandais, sa sœur l'a vivement encouragé à saisir sa chance de partir aux États-Unis. Cette histoire est sans nul doute un roman d'apprentissage de la vie adulte. A Brooklyn, Ellis est logée dans sa communauté irlandaise: dans une résidence pour jeunes filles menée par une dame irlandaise sévère mais qui ne peut pas contenir toute la vivacité et l’exubérance de ces jeunes filles.

Eilis, loin de sa famille, y gagne une forme d'émancipation et elle tombe amoureuse d'un garçon italien, Tony avec qui elle s'amuse beaucoup à la plage ou à la fête foraine. Elle porte des tenues gaies et éclatantes : c'est un déferlement de couleurs alors que la mode est plus austère en Irlande. Sauf que voila, une tragédie la rappelle chez elle en Irlande et elle doit quitter Tony pour un temps.

Quand elle retourne en Irlande, elle rencontre un jeune homme fortuné avec qui une nouvelle vie serait aussi possible. Ce tiraillement entre deux hommes, deux pays est le sujet central de ce film.

La bande-annonce résume un petite bluette toute simple mais c'est une histoire universelle sur la douleur de l'exil, un questionnement sur ce que ça signifie vraiment d'aimer quelqu'un de tout son cœur, quand entrent en ligne de compte des enjeux économiques et familiaux.

Cette histoire sonde les soubresauts du cœur humain à travers le monologue intérieur d' Eilis, tantôt romantique, tragique ou comique. Elle est une digne héritière du personnage d' Elisabeth Bennet, l’héroïne de Orgueil et préjugés de Jane Austen.

Certes, elle n'a pas une flopée de chaperons ou de codes sociaux à respecter comme au 17eme siècle, néanmoins ses choix et sa liberté acquise sont tout aussi difficiles à assumer. Car ne nous trompons pas, même si les femmes étaient plus émancipées au lendemain de la seconde guerre mondiale, leurs choix personnels dans les années 1950 n'étaient jamais tout à fait libres.

Je vous invite à aller voir ce film, un véritable conte de fées moderne qui montre comment l'amour peut être une force libératrice ou alors destructrice pour prendre une décision. C'est aussi un formidable roman d'apprentissage de la vie d'adulte car grandir c'est choisir, décider de prendre sa vie en main.

"Brooklyn", de Colm Toibin

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http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/02/03/brooklyn-de-colm-toibin_1474356_3260.html

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