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Libraire spécialisée en histoire de l'art, j'ai voulu partager avec vous mes coups de coeur culturels : expos, livres ou encore films qui font sens dans l'actualité culturelle immédiate.

13 Apr

Les visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasse

Publié par Margot  - Catégories :  #Cinéma, #Histoire de France

Les visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasse

Je sais, j'étais prévenue, les critiques de presse étaient unanimement mauvaises. Mais ma curiosité l'a emporté tellement j'avais été emballée par le jeu de rôles de Christian Clavier et Pascal Nzonzi dans la comédie Qu'est qu'on a fait au bon Dieu?.

Seulement, voila Les visiteurs, la Révolution est la catastrophe cinématographique de l'année 2016, à l'échelle industrielle, celle qui vous laisse un goût amer d'avoir été pris pour un pigeon par les deux scénaristes du film Christian Clavier et Jean-Marie Poiré.

Quel gâchis que cette histoire sans saveurs, dont l'intrigue est inexistante, aucun jeu de mots, aucune situation cocasse ne vous décroche un éclat de rire, ni même un sourire pendant la plupart du film. Je pense que faire une trilogie à partir d'un pareil succès était une erreur inévitable mais à ce point c'est inimaginable.

Dès les premières scènes, on comprend que l'histoire ne tient pas debout et que la suite va devenir fort ennuyeuse. On ne peut pas mélanger les références historiques de trois époques bien distinctes : le Moyen-Age, la Révolution et l'époque moderne, le spectateur est perdu.

Ensuite, la période de la Révolution est peu connue et peu comique. Alors que le Moyen-âge, c'est tout un univers avec ses codes sociaux, ses costumes et surtout sa langue tellement comique. C'est le vieux français qui a fait la réussite des Visiteurs.

Les visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasse

C'est d'ailleurs le génie des deux scénaristes Poiré et Clavier qui avaient compris que les jeux de mots et la référence généalogique à la noblesse du Moyen-age, c'était l'identité même du peuple français. Comment deux scénaristes aussi doués et perspicaces, auteurs d'un film tellement populaire qu'il a profondément marqué ma génération, comment ont-ils pu commettre une comédie aussi nulle qu'insipide?.

Jean Reno y est transparent, alors que c'était lui Godeffroy le Hardi qui portait le film, c'est le chevalier qui occupe l'écran. Celui qui tyrannisait son fidèle écuyer, qui se rend compte que c'est pas si mal de vivre à l'époque moderne, les chaînes de la servitude sont brisées, inversant ainsi comiquement les rapports sociaux entre eux.

Godeffroy et Jacquecouille, c'est le clown blanc,l'Auguste qui martyrise le gueux, le déclassé social. Et à force de tirer sur cette ficelle, cela ne fonctionne plus. Notons aussi que les deux suites des Visiteurs ne fonctionnent plus car Valérie Lemercier ne joue plus le rôle de Béatrice de Montmirail. Car c'est elle aussi qui porte le film avec son accent versaillais et son histoire d'amour ambivalente avec son aïeul. Elle montre avec un grand brio toute la saveur des aristocrates des années 1990 qui vivent dans leur monde, même s'il n'y a plus de domestiques.

Et aussi la force des Visiteurs c'était une histoire toute simple et efficace autour d'un mariage empêché, le thème central de la filiation, ressort comique mais très identitaire qui faisait la réussite de l'histoire.

La trame narrative de l'épisode de la Révolution est inexistante, certes le casting est réussi mais chacun joue sa partition de son coté sans jouer véritablement ensemble. Au fil du film, je me disais bon Marie-Anne Chazel ou Pascal Nzonzi vont entrer en scène et prendre à bras le corps cette histoire, transpercer l'écran pour nous faire éclater de rire, et bien même pas !.

Les visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasseLes visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasse
Les visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasseLes visiteurs, la révolution, c'est bel et bien de la merdasse

Pourquoi ce con l'appelle Messire ?

Non mais ma fillote, que fais ton mari cul nul devant cette femme, elle lui frotte le fessard.

Même la référence au Sarazin, n'est pas drôle. Alors que certaines scènes des Visiteurs comme le postier noir qui s'enfuit en courant ou la potion magique absorbée par les deux moyenâgeux sont hilarantes, elles ont marqué les gens pendant des décennies. J'ai une collègue de travail qui est capable de nous réciter des répliques entières du film. Aucune réplique marquante depuis !

Même si le casting était moins prestigieux, les seconds-rôles comme Jean-Pierre Goulard, Isabelle Nanty ou encore les policiers au début du film apportaient leur talent comique à l'histoire. Alors que dans l'épisode de la Révolution, le nom du second-rôle le plus comique Pascal Nzonzi n'est même pas noté sur l'affiche, ce qui a provoqué une belle polémique.

Ce raté monumental ne sert pas Gaumont, qui sans doute anticipait le naufrage en refusant la projection presse à l'avance. C' est un immense gâchis à la hauteur de ce que les Visiteurs suscitent tant ce film est iconique et patrimonial. Bon, le film tombera dans les oubliettes du château de Montmirail mais à force de prendre ses spectateurs pour des pigeons, le duo de scénaristes Poiré et Clavier pourrait y perdre des plumes, ce film totalement raté a porté entame à leur crédibilité et leur talent de raconteurs d'histoire tellement géniaux par le passé.

J'ai bien failli quitter la salle les dix dernières minutes de ce film interminable, quand les deux protagonistes se retrouvent une énième fois égarés dans les couloirs du temps et constatent que le château de Montmirail porte un étendard nazi... (je vous dévoile volontairement la chute insensée du film pour vous prévenir de l'étendue des dégats). Hosanna c'est fini !.

Heureusement que la bande-originale géniale sauve un peu ce naufrage.

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