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Libraire spécialisée en histoire de l'art, j'ai voulu partager avec vous mes coups de coeur culturels : expos, livres ou encore films qui font sens dans l'actualité culturelle immédiate.

19 Apr

Splendeurs et misères de l'éphémère notoriété

Publié par Margot  - Catégories :  #Société, #Essai

Splendeurs et misères de l'éphémère notoriété

J'aime le dimanche après-midi, flâner à la librairie Le genre urbain, rue de Belleville. Elle est spécialisée en architecture et urbanisme mais elle a une très bonne sélection de livres jeunesse, littérature, beaux- livres. La preuve en est avec cet ouvrage qui a attiré mon attention.

La couverture sert le titre avec brio : La souveraineté du people, essai philosophique de Guillaume Erner, aux éditions Gallimard. Jamais, je n'ai autant été sidérée par une couverture de livre que celle ci.

On y voit Nabilla toute seule, aux pieds des marches du festival de Cannes (on reconnait le red carpet) qui se prend un selfie solitaire. Ceux qui lui font dos, sont surement des professionnels du cinéma, qui ont eux une légitimité à "monter les marches". Mais on ne voit qu'elle. Il n'a pas besoin de légende, chacun connait son prénom, son nom de famille important peu.

En une photographie, tous les paradoxes de l'industrie du spectacle sont mis en lumière. Les films primés à Cannes sont moins importants médiatiquement que les photos et le buzz de telle ou telle starlette qui a monté les marches dans une tenue provocante, c'est encore mieux.

Monter les marches à Cannes, c'est visible et efficace, pourquoi se compliquer la vie à monter un film ou chercher des financements pendant des mois?. Parce que le désert culturel et intellectuel, le buzz à outrance, cela implique un cruel revers de la médaille.

Dans une interview très bien rédigée par des questions et des analyses très justes et psychologues, le nègre de l'autobiographie de Nabilla (Trop vite, aux éditions Robert Laffont), Jean-Francois Kervéan donne des indications sur l'évolution de la télé-réalité depuis quinze ans puisqu'il a aussi rédigé l'autobiographie de Loana, expliquant ainsi comment la télé-réalité dévore l'identité de ses participants.

Dans cette interview, ce qui m'a marquée c'est que ce ne sont pas des personnalités qui créent une oeuvre comme une chanson, un film ou un livre, elles sont directement exposées comme des objets.

Aimées ou "bashées", on les ridiculise facilement parce qu'elles sont faciles d'accès : elles n'ont pas de train de vie mirobolant leur permettant de se protéger de cette tempête médiatique qu'elles cherchent sans cesse à alimenter pour ne pas tomber dans l'oubli.

Je me souviens quand je travaillais à la FNAC Montparnasse pour Noël, un livre de Nabilla exposé en tête de gondole avec sa célèbre phrase creuse :"Non mais Allo!" déposée à l'INPI. Aucune idée de ce que contenait d'intéressant ce livre, un bandeau commercial entourant le livre intitulé : Machine à cash était tout à fait approprié.

Tout ce que peut souhaiter à cette jeune fille qui a bien compris les rouages de la télé-réalité et des réseaux sociaux mais qui en est tout de même une victime collatérale, c'est de pouvoir monter des projets artistiques dont elle pourra être fière : défiler pour Jean-Paul Gaultier était un premier pas encourageant. Car la phrase de l'interview consacrée à son autobiographie : "Nabilla est le paillasson d'une époque et elle le sait" est un constat inadmissible.

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