Paris 1900, la Belle époque triomphante.

Étant une grande amatrice des œuvres de Toulouse-Lautrec pour ses couleurs chatoyantes et les sujets de société intéressants qu'il traitait : le Paris de la fête et du divertissement; l'exposition intitulée Paris 1900 au Petit Palais est pour moi l'événement culturel de ce printemps.

L'affiche de l'exposition est une peinture de Toulouse Lautrec illustrant une pièce de théatre Marcelle Lender dansant le boléro dans Chilpéric peinte en 1899.

Paris 1900 c'est l'époque de Sarah Bernhardt, des théâtres des Champs Élysées, des réceptions mondaines au Pré Catalan ou au pavillon d' Armenonville peintes par Henri Gervex...

En 1900, la Troisième république apporte la démocratie durablement en France, l' économie est florissante grâce à l'empire colonial français et la diplomatie solide.

Les expositions universelles étaient une vitrine culturelle pour le rayonnement économique et culturel de tout un pays.

Conçue quatre ans auparavant, ses édifices temporaires ou permanents ont transformé l'espace urbain : l'inauguration du métro, le pont Alexandre III témoignage de l'amitié franco-russe, les gares d'Orsay et des Invalides... Deux édifices à la gloire des Beaux-arts ont été érigés en 1900 : Le Petit et le Grand Palais, deux lieux majeurs dans le quartier des Champs-Elysées aujourd'hui.

Le Petit Palais est un musée de la Ville de Paris, l'accès à ses collections permanentes est gratuit. J'aime ce musée peu connu, pour ses collections de peinture du 19eme siècle : Courbet, Sisley, Degas, l'atelier en plein air d'un impressionniste, les tableaux romantiques de Delacroix et Géricault...

Au delà de son contenu, le Petit Palais est un bel écrin architectural conçu par l'architecte Girault. Le style est éclectique : des références classiques, l'expansion du style Art Nouveau avec les innovations techniques du béton armé. La grille d'entrée, les mosaïques du vestibule, la colonnade, les fresques du jardin intérieur sont autant d'éléments remarquables.

Quand j'ai vu Midnight in Paris de Woody Allen, je peinais à situer l'époque que Marion Cotillard considérait comme un âge d'or à Paris car elle parlait de la Belle époque. Il s'agit de Paris 1900 quand un cocher vous menait encore aux soirées mondaines (le décor du Maxim's a été utilisé pour le film) au cours desquelles vous pouviez rencontrer Toulouse-Lautrec ou bien Degas...

En 1900, l'éclairage public s'est considérablement modernisé permettant à Paris de devenir la capitale de la fête et de la nuit. Cette exposition organisée en pavillons comme une exposition universelle rend compte de ces pratiques sociétales dans le pavillon Paris la nuit. Mais 1900 c'est aussi la naissance du septième art, l'exposition diffuse des extraits du film de Georges Mélies, Voyage sur la lune.

Car si certaines constructions sont devenues incontournables dans le paysage urbain parisien comme la Tour Eiffel, le Petit et le Grand Palais, d'autres structures furent éphémères. A l'image de la porte monumentale en forme d'animal marin située Cours de la Reine. Mesurant 45 mètres de haut, elle était constituée de coupôles, de frises d'animaux de style assyrien et de milliers de cabochons scintillant dans la nuit.

Les expositions universelles furent de formidables sources d'inspiration pour les avants-gardes créant ainsi émulation et rivalités entre artistes européens. Paris 1900 voit triompher le style Art Nouveau qui rompt avec la tradition académique par l'observation minutieuse du monde naturel qui constitue un riche répertoire de formes.

Il s'agit d'un courant international puisa qui même son inspiration dans les influences japonisantes véhiculées par la maison d'antiquités Bing, située rue de Provence. Ainsi Claude Monet était fort sensible à l'art du Japon : Hiroshige, l'art floral des jardins...

Paris voit ses immeubles se transformer grâce aux architectes Guimard, Lavirotte..., on note aussi un sursaut d'inventivité de l'école de Nancy, des artistes belges dans le domaine des objets d'art, de la bijouterie...

Paris 1900 c'est l'âge d'or des sculptures de Rodin, des affiches de théatre de Mucha contemporaine de la Secession viennoise de Klimt, Schiele...

Paris 1900 attira en quelques mois 51 millions de visiteurs du monde entier. Les pavillons étaient source d'émerveillement pour la modernité : la Fée électricité éblouissait les spectateurs (ce thème fut utilisé par Dufy pour réaliser un immense décor lors de l'Exposition universelle à Paris en 1931)

Aujourd'hui la notion d'Exposition universelle dans une grande capitale a perdu beaucoup de sens même si cela existe toujours : l'édition de Lisbonne puis celle de Shanghaï récemment. Mais à l'heure de la mondialisation et d'Internet, ce ne sont plus tellement les oeuvres d'art et l'architecture qui font venir les foules et attirent les investisseurs.

Cette exposition est riche sur le plan historique car elle retrace les pratiques sociétales et les modes de vie d'une époque révolue mais source d'inspiration pour de nombreux films : Moulin rouge, Midnight in Paris, French Cancan de Jean Renoir.

Cette année est celle du centenaire du début de la première guerre mondiale, écho à l'exposition de la BNF : Eté 1914, la fin de l'ancien monde.

Ainsi la fête de la Belle époque, de la 3eme république triomphante prend tout son sens quand on connait la suite des évenements : une guerre meutrière qui décima une génération entière en Europe et qui défigura le paysage naturel de l'Est de la France : Verdun et les Ardennes pour des décennies.

BnF - La guerre de 14-18

Un été comme les autres ? par Antoine Prost La guerre de 1914 a saisi l'Europe par surprise. Jusqu'à la dernière semaine de juillet, beaucoup pensaient que la crise ouverte par l'attentat de ...

http://expositions.bnf.fr/guerre14/arret/01_0.htm

Eté 1914, les derniers jours de l'Ancien monde du 25 mars au 3 août 2014