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Libraire spécialisée en histoire de l'art, j'ai voulu partager avec vous mes coups de coeur culturels : expos, livres ou encore films qui font sens dans l'actualité culturelle immédiate.

23 Feb

"Minuscule, un film épique qui chasse le bourdon" Ruche 89

Publié par Margot  - Catégories :  #Cinéma

"Minuscule, un film épique qui chasse le bourdon" Ruche 89

Samedi après midi, période de vacances de février, j'ai vu le film d'animation Minuscule, la vallée des fourmis perdues. Sorti le 29 janvier au cinéma, j'avais été attirée par la bande-annonce drôle et attractive ainsi que l'engouement médiatique à travers les affiches et les jeux de mots autour du titre et des références aux fourmis dans la presse.

J'y suis donc allée avec curiosité car d'habitude les films d'animation ne m'attirent pas plus que ça et celui-ci est une assez bonne surprise compte tenu de la qualité de l'histoire bien menée avec une intrigue efficace et un dénouement auquel on ne s'attend pas depuis dix minutes comme c'est souvent le cas.

"Minuscule, un film épique qui chasse le bourdon" Ruche 89 "Minuscule, un film épique qui chasse le bourdon" Ruche 89

Minuscule, la vallée des fourmis perdues est un film français (cocorico!!!!) alors que je m'attendais à une production américaine type Pixar ou bien Disney. Ce film à mi-chemin entre le documentaire écologique et le film d'animation à partir d'images numériques; a été tourné dans un parc naturel des Alpes-maritimes : les Ecrins et le Mercantour.

 

Le premier plan montre une vue panoramique de collines verdoyantes et les sillons des virages, une voiture rouge gravit le sommet. Il s'agit d'un modèle du 21eme siècle qui rappelle les Coccinelles rouges plus anciennes. C'est celle d'un couple qui fait un pique-nique mais qui quitte rapidement les lieux car la femme enceinte pressent l'arrivée de leur bébé. Restent alors les reliefs de leur pique-nique qui fourniront le garde-manger des insectes de la forêt.

 

Parrallèment à cela, on suit l'histoire d'une petite coccinelle rouge qui s'égare des siens et qui est malmenée par une bande d'insectes hideux et horripilants. Elle s'abrite dans la boite à sucres métallique abandonnée par le couple pour se protéger de la pluie et de la nuit. Elle découvre ensuite que ce genre d'abandon par les hommes est une aubaine pour bon nombre d'insectes dont les fourmis, véritable troupe menée par leur commandant, l'un des personnages les plus attachants de l'histoire.

 

La boite à sucres constitue pour eux le plus grand trésor jamais récolté, les morceaux de sucre roux ressemblent à des pépites d'or. Ils ramènent donc ce précieux butin dans leur cité princière après de nombreuses péripéties dont la plus haletante est celle de la descente de la cascade, poursuivis par les fourmis rouges.

 

Cette scène m'a rapidement évoqué un autre film d'aventure sorti fin 2013 : Le Hobbit, la désolation de Smaug. Et effectivement, d'après le dossier de presse du film, les auteurs ont volontairement choisi ce genre de références cinématographiques pour introduire différents niveaux de lecture, car ce film ne s'adresse pas seulement aux enfants mais aussi aux adultes.

 

Ensuite, l'affrontement du bien et du mal à travers les deux armées de fourmis noires et rouges m'a évoqué Star Wars puisque les deux peuples se référent à leur chef, une créature omnipotente et énorme à qui on apporte des offrandes (le sucre roux est vu comme le plus beau présent jamais récolté), l'armée des fourmis rouges obéit aux principes totalitaires d'une dictature (comme dans Jacky au royaume des filles, la dictature est un thème fécond pour le cinéma). La coccinelle elle, est universellement considérée comme un animal aimé : la bête à bon dieu, utile pour la bonne marche de l'écosystème. Alors que les fourmis rouges piquent et que les fourmis noires bien qu'inoffensives, défendent en nombre leur territoire quand on bute inconsciemment sur leur fourmillière.

"Minuscule, un film épique qui chasse le bourdon" Ruche 89

Même si l'absence de dialogues fait que le temps du film parait un peu long, on reste captivé par l'histoire grâce à la musique et à la beauté du cadre naturel. C'est la musique qui joue le rôle de narrateur dans cette histoire. Les deux réalisateurs ont fait appel à la tradition du scoring hollywoodien et se sont inspiré de  Pierre et le loup .Les fourmis rouges et noires ainsi que la coccinelle ont leurs propres thèmes musicaux, les instruments principaux sont la clarinette, le flûte et le hautbois.

 

Ensuite, la force de ce film d'animation est d'intégrer les images de synthèse dans des paysages réels selon le style de la photo réaliste. Pour raconter cette aventure aux proportions épiques, analyse le dossier de presse, il fallait un décor à la hauteur du dépaysement imaginé.  Ce type de vues : la découverte des merveilles de la nature, ses lumières... loin des villes bruyantes avec des bruitages naturels, était un ressourcement recherché pour les citadins que nous sommes. Minuscule c'est aussi le théatre d'une nature sauvage à travers une sélection très précise des lieux.

 

J'ai aimé ce film car il n'est pas stéréotypé supers-héros avec des vannes dans le coup, c'est une histoire toute simple pour tous les âges : les personnes agées comme les enfants dans un paysage naturel en France, des sites naturels auxquels les gens sont attachés. Ce film décrit l'apprentissage de la coccinelle qui prend ses ailes et devient adulte à la fin du film : c'est elle qui sauve le peuple des fourmis noires.

 

Enfin, ce film est d'une grande qualité par la portée de son message. Tous les objets du film : la canette rouillée, le pesticide Butor... sont des élements visibles de la pollution humaine et de l'impact de la grande consommation sur l'environnement naturel. Mais l'humour est là aussi, en témoigne le comique de situation quand les fourmis recyclent les objets du quotidien : les feux d'artifice d'artifice des fourmis noires pour se défendre, le billet de 500 francs comme aéroplane, on trouvait la même chose dans le dessin animé Chicken Run.

 

La scène finale de Minuscule montre la reconstruction d'une nouvelle cité princière des fourmis noires, tel un phénix qui renait de ses cendres après le passage du canadair comme c'est souvent le cas l'été dans les parcs naturels du Sud de la France. Minuscule tend à éveiller les jeunes générations à la biodiversité à travers cette histoire.

 

Pour conclure, le cinéma d'animation est loin d'être un genre mineur puisqu'il nécéssite l'appel aux nouvelles technologies, un travail long (plus de cinq ans) et coûteux. Ainsi qu' exigeant compte tenu des différents publics : enfants et adultes, qu'il vise...Minuscule, la vallée des fourmis perdues est donc une belle réussite du cinéma français à quelques jours des Césars.

 

"Minuscule, un film épique qui chasse le bourdon" Ruche 89
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