Le retour aux sources, thème central de l'oeuvre de Pagnol
Début septembre, période de la rentrée des classes et de la fin de l'été qui se profile, je rejoignais ma région d'origine : la Drôme, le Vaucluse, les Bouches du Rhône pour fêter ma filleule Manon d' Allauch et non Manon des sources.
Bien qu' Allauch se situe au cœur même des collines chères à Marcel Pagnol.
L'œuvre de Marcel Pagnol est ma madeleine de Proust pour de nombreuses similitudes personnelles : mon grand père était instituteur de campagne et m'a appris à lire, une partie de ma famille vit à Château-Gombert près du canal de Marseille et des belles bâtisses bourgeoises du début du 20eme siècle, décrites dans Le Château de ma mère.
Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban, couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. Garlaban, c'est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du Plan de l'Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l'Huveaune.
Incippit de La Gloire de Mon père, éditions Fortunio, 1957.
Je m'aperçois que cet attachement personnel à son œuvre concerne beaucoup de gens, toutes générations confondues qu'ils viennent de Bordeaux, du Pas de Calais ou même de République dominicaine. Un de mes amis originaire de là-bas m'a confié avoir appris le français en lisant La gloire de mon père à l'école.
L'Education Nationale a ses icônes, sujets de dictées ou d'apprentissage de la lecture : Souvenirs d'enfance de Pagnol, Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny car ces oeuvres sacralisent l'école : le père de Pagnol, instituteur de la 3eme république qui croit en l'école et le savoir comme moyen d'ascension sociale pour son fils Marcel, futur académicien des lettres à Paris.
Ainsi, s'ouvre dans les semaines à venir dans ce blog littéraire, une série d'articles consacrée à l'oeuvre de Marcel Pagnol : une oeuvre vivante, sujet d'étude d'un mémoire universitaire dans le domaine des métiers du livre. Cette série se découpera en quatre parties :
- L'ancrage géographique de l'oeuvre de Pagnol dans la région de Marseille, la grande ville qui prend son essor vers 1900 et les collines autour d'Aubagne : le petit village de La Treille, où Pagnol est enterré.
- Le genre autobiographique de Souvenirs d'enfance publié en 1957: La Gloire de mon père et Le château de ma mère, le fait qu'un écrivain puise dans son enfance pour atteindre l'universel.
- La grande saga provençale qui oscille entre drame et comédie Jean de Florette et Manon des Sources, immortalisée au cinéma.
- La trilogie marseillaise César, Marius, Fanny au théatre et les films de Pagnol, ambassadeurs de la Provence dans le monde entier.
Je fais le pari que l'oeuvre de Marcel Pagnol ne tombera pas dans l'oubli : transmise de génération en génération de lecteurs, aidée par les nombreuses rediffusions télévisées et les films qui puisent dans l'univers intemporel de son oeuvre, qui est tout un pan du patrimoine identitaire de Marseille.