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Libraire spécialisée en histoire de l'art, j'ai voulu partager avec vous mes coups de coeur culturels : expos, livres ou encore films qui font sens dans l'actualité culturelle immédiate.

29 Jan

La bande dessinée entre dans les musées et au cinéma.

Publié par Margot  - Catégories :  #BD, #France

La bande dessinée entre dans les musées et au cinéma.

Du 30 janvier au 2 février 2014, aura lieu le 41eme festival de la Bande dessinée à Angoulême en Charente.Angoulême est une chouette petite ville de 50 000 habitants qui accueille chaque année plus de 200 000 visiteurs pendant le festival.

J'y suis allée le temps d'une journée il y a deux ans et effectivement, ce festival de renommée européenne mériterait d'avoir des infrastructures durables comme c'est le cas à Cannes pour le 7eme art et non plus faire du camping chaque année avec des chapiteaux gonflables.

Ce que je dis là est une caricature grossière mais c'est bien l'impression qui me vient à l'esprit dans les rues d'Angoulême alors que le festival a lieu chaque année depuis 1974.

Car la bande dessinée longtemps prise au second degré devient un secteur phare de l'édition française qui détrône même la littérature en terme de chiffre d'affaires dans les grandes enseignes commerciales.

Ce que j'aime dans la bande dessinée, c'est une histoire bien ficelée : qui prend par la main pour plusieurs épisodes, avec un style littéraire assuré et du beau dessin, assez travaillé au niveau des lignes et des couleurs.

La bande dessinée entre dans les musées et au cinéma.

Mes deux coups de coeur marquants ces deux dernières années sont sous les feux de l'actualité de ce début d'année 2014 :  la bande dessinée Lulu, femme nue en deux tomes d'Etienne Davodeau, parue aux éditions Futuropolis en 2008 et 2011 et adaptée au cinéma avec Karin Viard dans le rôle titre.

Ainsi que la saga Picasso en trois tomes écrite par Julie Birmant et dessinée par Clément Oubrerie (qui dessine aussi la géniale BD Aya de Yopougon avec Marguerite Abouet) publiée depuis 2012 chez Dargaud, dans le prochain article. Une exposition sur la jeunesse de Picasso sur la Butte aura lieu à partir du mois de mars au musée de Montmartre.

 

Pour en revenir à Lulu, j'ai découvert cette bande dessinée totalement au hasard et l'histoire m'a tout de suite emportée.Il s'agit d'une femme d'une quarantaine-cinquantaine d'années, mariée et mère de trois enfants qui s'est cadenassée de l'intérieur, enfermée par son quotidien. Le point de départ est un entretien d'embauche qui se passe mal car elle ne s'est pas sentie capable, ayant perdu toute confiance en elle.

Elle va alors décider de s'octroyer un jour de liberté pour elle, puis quelques jours, puis quelques semaines. A travers ce road trip initiatique à moins de 50 kms de chez elle au bord de l'Océan (à Saint Gilles-Croix de vie dans le film), Lulu va partir à la redécouverte d'une vieille connaissance perdue de vue elle même. Trois rencontres atypiques vont l'aider, la décider à reconquérir son autonomie : Charles, un homme attachant et jovial, couvé par ses frères qui attachent de l'importance aux bonheurs simples. Charles va montrer à Lulu qu'il n'y a pas d'âge pour retomber amoureux.

 

La bande dessinée entre dans les musées et au cinéma.

La force de cette histoire vient aussi du mode de narration choisie. Le récit commence par une réunion de voisins et d'amis de Lulu sur une terrasse le soir chez elle pour expliquer à travers ce qu'ils connaissent d'elle, la fugue de Lulu. L' un des personnages les plus importants de ce dialogue est sa fille ainée qui participe à la discussion, c'est elle qui prend le rôle de Lulu absente pour coucher ses frères et gérer l'humeur de son père. C'est avec elle que Lulu garde le lien par téléphone depuis une cabine téléphonique puisque Charles a jeté son portable à la mer comme elle se plaignait de se sentir comme un chien en laisse avec cet objet.

 

Cette bande dessinée est une belle réussite d'Etienne Davodeau en tant que scénariste et dessinateur. Le monde réel est au coeur même de son travail et on ressent à travers l'histoire de Lulu toute la pesanteur de son quotidien.

Ensuite, deux rencontres féminines marquent la suite de l'histoire (dans le tome 2) : Marthe (Claude Gensac, la vieille dame au visage familier), à qui Lulu essaye de voler son sac car son mari lui a coupé les vivres en déclarant sa carte bleue volée et une jeune serveuse harcelée par son abominable patronne (Corinne Masiero, comédienne extraordinaire).

 

La fin de l'histoire dessinée, je ne la raconterai pas mais elle est haletante, pleine de rebondissements, source d'enseignements pour la fille ainée sur les compromis que l'on est amené à faire quand on est mariée avec des enfants. Mais riche de son voyage qui lui a redonné des couleurs, Lulu a trouvé  confiance en elle avec détermination.

 

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